"_S’il en reste une, c’est la foudre_ est une correspondance filmée avec Annie Le Brun, poète et essayiste. Ce film tisse, sur les paysages qui m’ont constituée, lieux de la limite, du bord, du bout, les trajets me reliant à elle et à ses imaginaires littéraires : la révolte amoureuse, l’utilité de la désertion des rôles qui nous sont attribués et le lyrisme comme dernier rempart face à la mort."
Réalisateur | Marie Alberto Jeanjacques |
Acteur | Benoît Hické |
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De la foudre au feu, il n’y a que quelques lettres. En découvrant ce film, on pense à ce qu’écrivait Cocteau dans Clair-Obscur : "Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je ? J’aimerais emporter le feu..." Il ne s’agit que de cela, ici : propager le feu du combat à travers un dispositif rigoureux qui redonne au champ-contrechamp toute sa vigueur et sa radicalité. On voit Annie Le Brun chez elle, le verbe à la fois souple et aiguisé comme une lame et, en contrepoint, les territoires intimes de la réalisatrice, par des plans brefs d'un volcan, d'un littoral, la Camargue et ses ferias, ses corridas, des minéraux, des enfants. Fil rouge (ou noir) de ce tissage parfois mystérieux, Le Brun nous raconte comment conquérir sa liberté, comment façonner son propre espace ou de quelle façon nos sociétés ultra-libérales organisent le gavage et nos manières d'exister. La lire, la relire, la voir dans des archives TV défendre Sade devant des néo-féministes outrées, est une joie rare, qui fait par ricochet penser à Michel Leiris, pour qui "le matador qui tire du danger couru occasion d'être plus brillant que jamais et montre toute la qualité de son style à l'instant qu'il est le plus menacé : voilà ce qui m'émerveillait, voilà ce que je voulais être".
Benoît Hické
Programmateur et enseignant
De la foudre au feu, il n’y a que quelques lettres. En découvrant ce film, on pense à ce qu’écrivait Cocteau dans Clair-Obscur : "Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je ? J’aimerais emporter le feu..." Il ne s’agit que de cela, ici : propager le feu du combat à travers un dispositif rigoureux qui redonne au champ-contrechamp toute sa vigueur et sa radicalité. On voit Annie Le Brun chez elle, le verbe à la fois souple et aiguisé comme une lame et, en contrepoint, les territoires intimes de la réalisatrice, par des plans brefs d'un volcan, d'un littoral, la Camargue et ses ferias, ses corridas, des minéraux, des enfants. Fil rouge (ou noir) de ce tissage parfois mystérieux, Le Brun nous raconte comment conquérir sa liberté, comment façonner son propre espace ou de quelle façon nos sociétés ultra-libérales organisent le gavage et nos manières d'exister. La lire, la relire, la voir dans des archives TV défendre Sade devant des néo-féministes outrées, est une joie rare, qui fait par ricochet penser à Michel Leiris, pour qui "le matador qui tire du danger couru occasion d'être plus brillant que jamais et montre toute la qualité de son style à l'instant qu'il est le plus menacé : voilà ce qui m'émerveillait, voilà ce que je voulais être".
Benoît Hické
Programmateur et enseignant
Français
Anglais