Orlando, ma biographie politique

« Ma biographie existe, et c'est cette putain de Virginia Woolf qui l'a écrite en 1928... » S'ouvrant par cette déclaration de Paul B. Preciado, le film – à l'image du livre allant du roman fantastique à la satire sociale, du récit d'apprentissage à la biographie – se balade entre fiction et documentaire à travers une pluralité de genres : récit épistolaire, autofiction, essai politique, etc. À cette fluidité stimulante, qui n'est pas étrangère à la non-binarité du propos, correspond la polyphonie d'expériences et de positions des différent·es acteur·rices. Se déployant dans divers espaces, l'ensemble affirme le caractère hétérogène des récits comme des vies possibles, tout en posant un indéfectible commun. Si les rapports de classe et les inégalités de traitements selon les milieux sociaux ne sont pas abordés, le film – porté par une distribution à la diversité puissante – pose un regard important sur ce que notre société fait aux personnes en marge de la norme binaire et hétérosexuelle.

Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique