Dans le silence et dans le bruit

Où sommes-nous ? Qui sont ces gens que l'on voit là, qui vivent dans des wagons arrêtés, qui prennent le temps, mais le temps de quoi ? Dans le silence et dans le bruit nous entraîne avec ces questions, sans y répondre, en nous laissant une précieuse autonomie. Il nous laisse avec des indices : une attitude, une lassitude, des liens avec un « dehors » qui paraît lointain, et puis des visages, celui de Clémence surtout, et son regard. On devine des souffrances. Ici c'est un beau refuge à l'écart du monde, et le film s'adapte avec délicatesse à ce rythme singulier, avec des plans fixes dans lesquels la parole vient ou non, qui parfois laissent la place à des trouées subjectives, comme la parole intime de celle qui dit : « je me retire ».
Et puis il y a ce dernier plan, comme un retour risqué dans le monde, et comme une nouvelle envolée possible.

Jérémie Jorrand
Responsable de l'éditorialisation et co-directeur artistique de Tënk