J’ai rencontré Pierre il y a vingt-cinq ans, quand je me suis installé à côté de lui sur le marché ; lui, vendant des volailles et des œufs, moi des fleurs et du miel. J’ai demandé à Arnaud son fils, s’il serait possible de les suivre et de filmer la récolte du lin.
Réalisateur | Pierre Creton |
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Retour du côté de Fécamp aux côtés de Pierre Creton, avec un film court, sans réel sujet. Ou si, deux : Pierre et son fils Arnaud, des voisins du cinéaste. Pierre Creton les filme à l’ouvrage, pendant la récolte du lin, chez eux, chez lui, sur ces terres qu’il nous fait connaître, arpenter et aimer dans ses films. Le cadre est précis pour saisir leurs gestes de travail, que le cinéaste connaît bien. Il recueille à l’image le mouvement de la récolte et le laisse rentrer dans son propre champ : le cheminement des graines, les outils qui tournent, les tiges arrachées. Suivre ceux qui travaillent au champ et tourner, labourer les images auprès d’eux. Le son est fait du souffle des éoliennes, des moteurs des machines agricoles, du vent qui se lève dans les champs. Ils nous empêchent d’entendre le moindre dialogue, repoussant la possibilité d’une narration. Mais la musique pop qui traverse le film prend parfois le dessus sur le vacarme journalier, ramenant au film, au drame que pourraient porter ces images, comme une bande originale parfaite. De ce drame nous retiendrons les nuques filmées de près, tendues et fortes, les visages dans la nuit éclairés par le va-et-vient du gyrophare d’un tracteur ou les mains dans le dos d’un homme qui marche au bord du champ. Le film est brut, direct, présent, Pierre Creton, porté par une nécessité de filmer, suit ces hommes, qu’on imagine être ses amis, et se met à les filmer, au travail avec eux.
Clémence Arrivé
membre du comité de sélection de Cinéma du réel
Retour du côté de Fécamp aux côtés de Pierre Creton, avec un film court, sans réel sujet. Ou si, deux : Pierre et son fils Arnaud, des voisins du cinéaste. Pierre Creton les filme à l’ouvrage, pendant la récolte du lin, chez eux, chez lui, sur ces terres qu’il nous fait connaître, arpenter et aimer dans ses films. Le cadre est précis pour saisir leurs gestes de travail, que le cinéaste connaît bien. Il recueille à l’image le mouvement de la récolte et le laisse rentrer dans son propre champ : le cheminement des graines, les outils qui tournent, les tiges arrachées. Suivre ceux qui travaillent au champ et tourner, labourer les images auprès d’eux. Le son est fait du souffle des éoliennes, des moteurs des machines agricoles, du vent qui se lève dans les champs. Ils nous empêchent d’entendre le moindre dialogue, repoussant la possibilité d’une narration. Mais la musique pop qui traverse le film prend parfois le dessus sur le vacarme journalier, ramenant au film, au drame que pourraient porter ces images, comme une bande originale parfaite. De ce drame nous retiendrons les nuques filmées de près, tendues et fortes, les visages dans la nuit éclairés par le va-et-vient du gyrophare d’un tracteur ou les mains dans le dos d’un homme qui marche au bord du champ. Le film est brut, direct, présent, Pierre Creton, porté par une nécessité de filmer, suit ces hommes, qu’on imagine être ses amis, et se met à les filmer, au travail avec eux.
Clémence Arrivé
membre du comité de sélection de Cinéma du réel
Français