À l’est de Skopje, il y a une petite place paisible d’où l’on peut parfois percevoir des bribes de musique orchestrale. En suivant ces sons, on arrive dans un vaste studio où une centaine de personnes enregistrent chaque jour de la musique pour des films du monde entier.
Réalisateur | Simon Ripoll-Hurier |
Acteur | Antoine Thirion |
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Dans le prolongement d’un travail mettant en relation différentes pratiques d’écoute a priori sans rapport (radio amateur, écoute des oiseaux, détection de fantômes) ayant abouti à une production de films, de performances et de créations radiophoniques ("Diana", 2014-2017), Simon Ripoll-Hurier s’intéresse ici au Film And Music Ensemble à Skopje en Macédoine du Nord, studio spécialisé dans l’enregistrement de musique de films, exemple comme un autre des stratégies de délocalisation des lieux de production. Ou plutôt, il s’intéresse à la présence de ce studio richement équipé et connecté via visioconférences à des compositeurs du monde entier, sur une place vétuste et quelconque des Balkans ; aux possibilités de montage qu’offrent leur mitoyenneté. Tandis qu’à l’intérieur règne l’effervescence laborieuse d’une centaine de musiciens et d’ingénieurs du son travaillant à l’exécution de bandes originales de styles divers, les abords immédiats du bâtiment baignent dans une tranquillité indolente — des enfants passent sur leur tricycle et quelques chiens s’étendent sur le béton de son carrelage fissuré. La où le langage se limite à quelques simples notations techniques vite interrompues, quand il ne se perd pas dans sa fonction phatique ou s’éteint dans la distance, la musique projette de riches couleurs émotionnelles sur ce lieu sans qualités. Et les permutations qui régissent d’ordinaires les rapports de l’image et de la musique orchestrale, trouent un burlesque terne et prosaïque par d’émouvants éclats de beauté.
Antoine Thirion
critique et membre du comité de sélection de Cinéma du réel
et du festival de Locarno
Dans le prolongement d’un travail mettant en relation différentes pratiques d’écoute a priori sans rapport (radio amateur, écoute des oiseaux, détection de fantômes) ayant abouti à une production de films, de performances et de créations radiophoniques ("Diana", 2014-2017), Simon Ripoll-Hurier s’intéresse ici au Film And Music Ensemble à Skopje en Macédoine du Nord, studio spécialisé dans l’enregistrement de musique de films, exemple comme un autre des stratégies de délocalisation des lieux de production. Ou plutôt, il s’intéresse à la présence de ce studio richement équipé et connecté via visioconférences à des compositeurs du monde entier, sur une place vétuste et quelconque des Balkans ; aux possibilités de montage qu’offrent leur mitoyenneté. Tandis qu’à l’intérieur règne l’effervescence laborieuse d’une centaine de musiciens et d’ingénieurs du son travaillant à l’exécution de bandes originales de styles divers, les abords immédiats du bâtiment baignent dans une tranquillité indolente — des enfants passent sur leur tricycle et quelques chiens s’étendent sur le béton de son carrelage fissuré. La où le langage se limite à quelques simples notations techniques vite interrompues, quand il ne se perd pas dans sa fonction phatique ou s’éteint dans la distance, la musique projette de riches couleurs émotionnelles sur ce lieu sans qualités. Et les permutations qui régissent d’ordinaires les rapports de l’image et de la musique orchestrale, trouent un burlesque terne et prosaïque par d’émouvants éclats de beauté.
Antoine Thirion
critique et membre du comité de sélection de Cinéma du réel
et du festival de Locarno
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