Un air de liberté

Un air de liberté

Moyen d’expression, de résistance, de réconciliation ? Des films tout autour du monde, dans lesquels la musique libère, rassemble ou bien... fait la révolution !

La musique adoucit les mœurs, paraît-il… Pas certain pour autant qu’en allant se promener au Groenland, en Syrie, en Israël, en Nouvelle-Calédonie ou en Chine, l’harmonie soit toujours au rendez-vous. Toutes en proie à une actualité brûlante, ces régions sont celles où le Grand Bivouac a choisi de faire escale avec vous pour un périple musical planétaire. Un simple voyage bucolique ? Une sinécure sonore ? Pas franchement non. Ici comme là-bas, la musique et le chant dépassent souvent – et allègrement – leur rôle de divertissement et de plaisir. Nos oreilles pourront quand même se délecter. 

Moyen de résistance ou de contestation ? Vecteur de revendication ou de révolution ? Moyen d’expression ou symbole de lutte ? Facteur de réconciliation, d’apaisement des souffrances ? Enjeu de pouvoir, d’émancipation ou d’asservissement ? La liste est non exhaustive, évidemment…

À chaque coin du globe, à chaque instant, la musique peut empiler et combiner des fonctions multiples en jouant un rôle éminemment social, politique, individuellement et collectivement. « Le politique peut être renforcé par la musique, mais la musique a une puissance qui défie le politique » disait Mandela. C’est tout l’objet de cette partition de cinq films que nous vous proposons de déchiffrer avec un point commun central : le rapport au collectif. Cinq réalisatrices et réalisateurs – française, syrienne, israéliens, groenlandais, chinoise –  cinq points de vue, tous au service d’une polyphonie filmique riche de sens. Allez ! En avant la musique.


That Orchestra With the Broken Instruments pose une question complexe : est-il possible de créer de l’harmonie dans un pays en discorde ? C’est bien le but et tout le mal que se donne l’énergique et excentrique chef d’orchestre Tom Cohen en réunissant israéliens, palestiniens (...) de la région de Jérusalem. Mais Yuval Hameiri et Michal Vaknin se retrouvent à filmer la vie d’un orchestre pas tout à fait comme les autres… Comme pour forcer le trait sur le conflit – et non sans un brin de cynisme – l’orchestre « symphonicorocknroll » ne joue que sur des instruments… cassés. Entrecoupés d’entretiens face caméra, le film donne à voir le pouvoir de la musique de réconcilier — pour un moment au moins – des femmes et des hommes. Joueront-ils pour autant, la bonne fausse note ?

Sumé, le son d'une révolution nous plonge dans les années 70, dans l’ancienne colonie danoise du Groenland. À cette époque, elle n’a qu’un conseil consultatif et aucun pouvoir législatif tandis que le Danemark y entreprend une large politique de « danisation » de l’île, mettant ainsi en danger la culture inuite. Pas étonnant qu’à pareille époque et tandis que la grande sono mondiale est inondée de rock n’roll, un petit groupe d’étudiants branche la guitare et porte haut une voix, politique, en groenlandais. Inuk Silis Høegh montre ainsi le rôle de la musique dans la lutte des Groenlandais pour l’autodétermination et l’indépendance.

Changement de décor : Alep, en Syrie. De cette ville classée au patrimoine mondial de l’humanité avant la guerre, il ne reste que des décombres et le silence : « Même les oiseaux sont partis ». Un silence que les voix de ces 30 choristes lyriques tentent de teinter d’espoir. « L’art, ce n’est pas du luxe, c’est ce qui les sauve ». Dans Noor, Stéphanie Lebrun et Shaza Maddad donnent à voir le chant comme une thérapie individuelle et collective. Dans un pays à réparer, chanter, c’est surtout mieux que de ne pas le faire…

Singing in the Wilderness a pour point de départ un sujet peu banal : la vie d’un chœur chrétien de la petite ethnie Miao, au fin fond de la province du Guizhou. Mais l’ascension fulgurante du chœur, propulsé de l’église aux plateaux TV de The Voice, instrumentalisé à souhait par les autorités chinoises en charge de la propagande, n’est qu’une infime partie du film de Dongnan Chen qui se veut avant tout le portrait sensible d’un village, de ses habitants, de leur passé et leur futur. Le chant choral devient alors miroir d’une réalité complexe et la capacité de tout un peuple à s’adapter aux changements et aux contraintes.

En plein chœur nous montre de drôles de « Sanctus Sanctus » et autres bondieuseries latines résonner au sein du Camp Est de la Prison de Nouméa où des détenus s'adonnent assidûment au chant choral. En prison comme antan, au bagne, le chant se fait exutoire, pour dénouer le corps et la parole. La polyphonie se fait génératrice d’expressivité, de lien social, d’harmonie, de bonheur et parfois même… de tendresse. Chanter. Pour exister, tout simplement.

 

Pour l'équipe du Grand Bivouac
Jean-Sébastien Esnault
Délégué Général

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