Fous à délier

Fous à délier
"Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c'est l'homme même qui disparaît."

François Tosquelles, fondateur de la psychothérapie institutionnelle

Depuis les années 50, la psychothérapie institutionnelle a cherché à repenser l'accueil et le soin des personnes souffrant de maladie mentale. Plutôt que d'attacher les fous (physiquement ou chimiquement), il s'est agi de "soigner l'hôpital", comme le formule avec clarté le psychiatre Jean Oury, figure majeure de ce mouvement. Des lieux ont vu le jour proposant une nouvelle façon d'accompagner les malades et de considérer la folie. Il s'est agi d'ouvrir les espaces, d'associer les malades et l'ensemble du personnel dans une même communauté de vie, de repenser le modèle asilaire à partir de sa définition première, un refuge.

Les questions formulées par les soignants rejoignent celle des cinéastes de cette Escale : quel cadre pour accueillir ces personnes qui justement sont hors-cadre ?

En choisissant de se confronter à la folie et de filmer l'institution qui l'accueille, ces cinéastes questionnent notre relation à cet Autre.

Le parcours que nous vous proposons ici s'articule en quatre mouvements.

C'est d'abord une expérience limite, une plongée radicale et sans garde-fou dans un monde magique. Depuis sa présentation à Cannes en 1971, Le Moindre Geste de Fernand Deligny a accédé au statut de film culte. Il a marqué durablement l'histoire du documentaire par sa façon inclassable d'appréhender et de rendre sensible le monde des fous.

Ensuite et plus traditionnellement, La Devinière de Benoît Dervaux et La Moindre des choses de Nicolas Philibert nous proposent de découvrir deux hauts lieux du soin psychiatrique. Avec leurs esthétiques singulières, les deux cinéastes ont su trouver la juste place pour appréhender ces lieux et nous permettre de rencontrer leurs résidents, des personnalités qui marquent durablement notre mémoire.

Pour éclairer davantage la place de la psychothérapie institutionnelle dans l'histoire de la folie, Martine Deyres nous livre avec Le Sous-bois des insensés un film-entretien avec Jean Oury, rencontre passionnante au sein de la clinique de La Borde qu'il a fondée.

Enfin dans Valvert, Valérie Mréjen rend compte à sa façon de la fragilité de ces institutions. La cinéaste plasticienne installe sa caméra dans les couloirs d'un hôpital qui voit son personnel soignant peu à peu remplacé par une nouvelle génération. Alors que le monde change à l'extérieur, les portes des chambres de Valvert pourraient bien se refermer sur ses pensionnaires.

En 2008, le Président Sarkozy présente dans son discours d'Antony une série de mesures pour contrôler et circonscrire la folie à l'intérieur des murs de l'hôpital. Cette « nuit sécuritaire » provoquera la fronde de citoyens engagés et de soignants en psychiatrie à l'origine notamment de L'Appel des 39. Les mouvements de ces dernières semaines au sein des hôpitaux démontrent ô combien, aujourd’hui encore, ces histoires de cinéma sont nécessaires pour accueillir et laisser une place à la folie dans notre société. Lucien Bonnafé, psychiatre désaliéniste alertait ainsi en 1992 : "On juge du degré de civilisation d’une société à la façon dont elle traite ses fous".

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