Mais qu’apporte le cinéma dans sa veine documentaire au monde de la danse et quels liens peuvent bien tisser les obsessions des chorégraphes avec les films documentaires et la variété de leurs formes ?
Probablement le fait que les deux approches artistiques travaillent à modifier les modes de représentations et à enrichir nos regards et nos colères sur la marche du monde.
Rien de plus évident quand on découvre les mots de la chorégraphe Maguy Marin dans le court métrage qui lui est consacré :
« Un merci infini aux vivants et aux morts qui par leurs mots, leurs actes ont tracé le chemin rocailleux du courage et de l’insoumission et m’ont transmis la force pour donner forme à la "rabbia" que nous inspire l’injustice du monde. »
Voilà notre premier terrain commun : l’énergie de l’espoir !
On aurait tort de croire que le film documentaire n’aurait pour vocation que de documenter la surface et le mouvement des corps et de mettre en mémoire, capter la chorégraphie pour donner une deuxième vie au spectacle. Tout cela n’est pas faux mais trop frappé du sceau de l’évidence. C’est pour aller au-delà que nous avons associé nos regards pour vous proposer une programmation de huit films en écho avec cette édition 2018 de la Biennale de la danse de Lyon.
Leur objectif éditorial est de vous faire découvrir via un florilège de chorégraphies et de représentations documentaires « Le travail de la danse et la danse au travail ».
Le travail de la danse : pour approfondir comment quelques chorégraphes se coltinent le réel, résistent aux multiples déterminitsmes, bousculent les attendus, et pour découvrir de l’intérieur les étapes de leur travail avec le groupe qui souvent devient troupe et l’anonyme-amateur qui se révèle danseur professionnel.
La danse au travail : en quoi elle est une expérience sensible, voire sacrée, qui travaille nos regards de spectateurs en nous révélant des corps socialement invisibles et discriminés, en mettant en lumière des mouvements dans des espaces, des lieux de représentations inhabituels qui transforment les danseurs et par ricochet les spectateurs que nous sommes. En quelque sorte, la danse qui nous travaille.
Jean-Marie Barbe,
Réalisateur, producteur et co-fondateur de Tënk.
Dominique Hervieu,
Directrice artistique de La Biennale de la danse de Lyon et du Pôle européen de création.
Maxime Fleuriot,
Conseiller artistique, responsable de la programmation des films et de la création numérique pour La Biennale de la danse de Lyon .