Banlieues chéries

Banlieues chéries

En partenariat avec le Musée national de l'histoire de l'immigration, une programmation qui propose un autre regard et d'autres récits sur les banlieues.

Présentée à partir du 11 avril, l’exposition « Banlieues chéries » propose une plongée intime dans ces territoires singuliers, au carrefour de l’art, de l’histoire et des dynamiques sociales.

Rassemblant pour cela plus de 200 documents d’archives, peintures, installations, vidéos, photographies, témoignages, le Musée national de l’histoire de l’immigration explore ces espaces comme des lieux de mémoire et de transmission.

S’attachant aux paroles – autant qu’aux silences – de leurs habitant·es, cette escale découvre d’autres récits dans les plis d’une histoire bien souvent convenue, contenue, des périphéries.

Faire entendre les quartiers populaires, sortir des cadres de représentation et des discours dominants pour montrer la complexité des réalités, souligner les dynamiques de résistance et de réinvention sociale, partager la pluralité des expériences individuelles ou collectives, c’est bien là tout l’enjeu de cette sélection. Écouter ces banlieues qui se racontent autrement. Accueillir ces voix d’hommes, de femmes et d’enfants, celles qui rappellent et celles qui se rappellent, celles que l’on tait et celles qui se sont tues. Les mots et les silences.

Distinguer la parole, c’est ainsi sortir du fantasme d’une masse homogène et anonyme, invisible dans son quotidien et pourtant menaçante, d’une marge qui ne serait que précarité sociale, délinquance, tensions communautaires, en ignorant la somme des vies qui en font la richesse.

Réalisé en 1960 par Maurice Pialat, L’amour existe confronte aux souvenirs heureux des bords de Marne le temps des « casernes civiles » et du « parachèvement de la ségrégation des classes ». Poème filmé à la première personne, ce court métrage inaugural énonce comme il dénonce l’aliénation des banlieues nouvelles et la précarité de vies reléguées auxquelles il fait aussi hommage.

« Petite ville, petite bourgeoisie, lignes droites ». Dans Bois d’Arcy, Mehdi Benallal fixe les paysages de son enfance – rues désertes, parkings, immeubles, nature environnante que troublent à peine le chant d’oiseaux, quelques voix, un chantier – qu’il commente, interrogeant ses souvenirs jusqu’à faire ressurgir l’expression d’un racisme ordinaire dont les murs se font parfois encore l’écho.

Il est encore question de souvenirs, de traces aussi, de leur persistance et leur effacement, dans Chronique d’une banlieue ordinaire. Ici Dominique Cabrera tord les clichés pour nous partager l’intime de familles et leur vie passée au val Fourré. Difficultés, mais aussi rêves, joies et solidarité dans cette cité HLM condamnée à destruction.

Créé à la fin des année 1970 par de jeunes habitants d’Alfortville et Vitry, le Collectif Mohamed s’inscrit dans une volonté de réappropriation de la parole. Zone immigrée recueille le témoignage d’habitants de la cité Jean Couzy après l’agression d’un jeune par un chauffeur de bus. Dans un dispositif inédit, le collectif livre un récit de l’intérieur, document brut et politique, qui questionne les causes et les effets de la violence.

Avec La Tentation de la forteresse Martina Magri interroge, par l’image, la construction du périphérique parisien, cette ligne de fracture qui, élevée sur les anciennes fortifications de la ville, dessine un centre et sa marge. Les visages et corps figés des ouvriers, étrangers ou immigrés, presque fantômes, racontent en silence l’invisibilisation de ces bâtisseurs dont il ne reste nulle trace sinon ces photographies.

Stéphanie Bartolo
Ancienne responsable des événements cinéma et littérature au Palais de la Porte Dorée

5 documentaires

Trier par :

Documentaire ajouté au panier

Mode :

Expire le :

loader waiting image
loader waiting image