• Escales
  • Amours, des chemins buissonniers

Amours, des chemins buissonniers

Amours, des chemins buissonniers

Et si l'amour avec un grand "A" n'était pas forcément celui que l'on vit à deux, ni celui dans lequel on se jure fidélité ad vitam æternam ? Et si s'aimer ne conduisait pas forcément à vivre sous le même toit, ni à faire des enfants ensemble ? Nous vous amenons vers des amours plurielles, des chemins buissonniers.

Depuis la seconde moitié du 20e siècle, les transformations sociales ont amené des changements fondamentaux dans les rapports entre hommes et femmes, remettant en jeu la suprématie du couple hétérosexuel articulé autour de la parentalité, du mariage, de la vie en commun et de la fidélité – la non-exclusivité auparavant autorisée seulement chez les hommes et définie comme adultère étant vue comme un régulateur de l'ordre social et du mariage. Pour autant, le couple hétéro et exclusif demeure bien toujours la forme majoritaire d'expression de la relation amoureuse, son alpha et son oméga. Cela en mettant en avant son versant intime et romantique, et en niant trop souvent que ce schéma relève, aussi, d'une institution sociale. Quelles sont les représentations qui nous accompagnent ? Ne parlons-nous pas encore de schémas alternatifs lorsque les relations amoureuses ne suivent pas ce modèle dominant ? En tant que vecteur de représentation et de questionnement de la norme, quelles images le cinéma documentaire nous propose-t-il ?

À travers des courts et des longs métrages des années 60 à nos jours, offrant des points de vue d'auteurs et d'autrices aux formes cinématographiques singulières, nous vous proposons de quitter les chemins balisés pour aller vers des histoires plurielles, solitaires, indéfinissables, subversives. Que les réalisateur·rice·s prennent la caméra pour scruter leur vie intime comme celle de leurs proches (Dyketactics de Barbara Hammer ; Extreme Private Eros: Love Song de Kazuo Hara ; Lutine d'Isabelle Broué) ; qu'iels donnent à voir les difficultés de ceux qui empruntent des trajectoires singulières (Habana Muda d'Éric Brach ; Emmanuel au milieu du désert de Yannick Gallepie) ; ou qu'iels mettent au jour les paradoxes de certaines institutions hétérosexuelles de la société occidentale (Comizi d'amore, de Pier Paolo Pasolini ; First Comes Love de Su Friedrich) ; chacun de leur film rappelle que les modèles dominants, en amour comme ailleurs, peuvent être questionnés, voire, dynamités. Par cette sélection diverse formellement (allant du cinéma expérimental au cinéma direct, flirtant parfois avec la fiction) se dessinent plusieurs axes. Tandis que certains documentaires recombinent à l'envi les trois dimensions du phénomène amoureux – sentimentalité, conjugalité, sexualité – ; d'autres soulignent que toute relation s'inscrit toujours dans un territoire et dans des rapports de domination ou encore affirment des revendications militantes. Tous engagent une réflexion politique.

Si ces sept œuvres nous rappellent que les relations amoureuses sont faites d'ambivalences profondes, à tel point qu'il s'avère impossible de savoir qui du corps, du cœur ou de l'esprit a l'ascendant ; si elles n'oblitèrent pas que l'amour s'inscrit dans des sociétés données (et que l'imaginaire amoureux est façonné par son époque), elles invitent à penser en dissidence. Elles nous engagent à sortir de ce qui nous est donné comme évident et inébranlable. Avec elles, nous nous prenons à désirer que chacun·e s'autorise à explorer et imaginer d'autres modèles, bousculant l'idée de marginalité définie par la norme hétérosexuelle.

Caroline Châtelet
Journaliste, critique dramatique

Lysa Heurtier Manzanares
Réalisatrice

Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk

Aucun documentaire dans cette plage

Documentaire ajouté au panier

Mode :

Expire le :

loader waiting image
loader waiting image