Dans la région reculée du Nordeste au Brésil, le petit village de Toritama est un microcosme du capitalisme impitoyable. Chaque année, plus de 20 millions de paires de jeans sont produites dans des usines de fortune. Les gens du pays travaillent sans arrêt, fiers d’être maîtres de leur temps. Pendant le Carnaval, seul moment de loisir de l’année, ils transgressent la logique de l’accumulation des biens, vendent leurs affaires sans regret et fuient vers les plages à la recherche du bonheur éphémère.
Réalisateur | Marcelo Gomes |
Acteur | Caroline Châtelet |
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Le film débute par le récit en voix-off de Marcelo Gomes, racontant comment il parcourait enfant les lieux en compagnie de son père, tandis que la caméra dévisage d'immenses pancartes à l'orée de la ville à l'effigie d'une jeune femme et d'un jeune homme – aux traits plus caucasiens que latino-américains. Puis, l'on découvre la cité, ses rues, les ateliers de confection de jeans. Renvoyant à la phrase du philosophe Walter Benjamin ("l'enfance est le sourcier du chagrin, et pour connaître la mélancolie de villes si glorieusement rayonnantes il faut y avoir été un enfant"), le film capte le présent en s'appuyant sur le passé. Dans cet écart subtilement creusé se déploie autant la sensibilité et la justesse d'un réalisateur recueillant avec respect la parole de l'autre, que sa capacité à donner à voir les paradoxes du néolibéralisme. Si la ville – comme la société brésilienne – s'est transformée, ce n'est pas pour le meilleur. Les ouvrier·es sont devenu·es leur propre patron·ne, mais exit les protections sociales et le droit du travail ; les congés payés et les horaires fixes. Ne reste, alors, que la fête dans laquelle s'oublier, un Carnaval omniprésent quoique en hors-champ.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
Le film débute par le récit en voix-off de Marcelo Gomes, racontant comment il parcourait enfant les lieux en compagnie de son père, tandis que la caméra dévisage d'immenses pancartes à l'orée de la ville à l'effigie d'une jeune femme et d'un jeune homme – aux traits plus caucasiens que latino-américains. Puis, l'on découvre la cité, ses rues, les ateliers de confection de jeans. Renvoyant à la phrase du philosophe Walter Benjamin ("l'enfance est le sourcier du chagrin, et pour connaître la mélancolie de villes si glorieusement rayonnantes il faut y avoir été un enfant"), le film capte le présent en s'appuyant sur le passé. Dans cet écart subtilement creusé se déploie autant la sensibilité et la justesse d'un réalisateur recueillant avec respect la parole de l'autre, que sa capacité à donner à voir les paradoxes du néolibéralisme. Si la ville – comme la société brésilienne – s'est transformée, ce n'est pas pour le meilleur. Les ouvrier·es sont devenu·es leur propre patron·ne, mais exit les protections sociales et le droit du travail ; les congés payés et les horaires fixes. Ne reste, alors, que la fête dans laquelle s'oublier, un Carnaval omniprésent quoique en hors-champ.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique
Français