Torre

C'est une grande Histoire racontée par la subjectivité des souvenirs. Comment quatre enfants d'une même famille ont-ils vécu la disparition d'un père, l'emprisonnement d'une mère, l'exil ? Comment raconter l'expérience de chacun ?
Nadia Mangolini a fait des entretiens sonores. Et en choisissant le cinéma d'animation, elle tente de retranscrire ce que fait la mémoire. La mémoire oublie, elle choisit, elle rend saillantes des épreuves ou des joies. Selon qu'on a 4 mois ou 11 ans, la réalité diffère. Et c'est là ce qui rend passionnant ce court métrage : le récit d'Isabel, la plus jeune, bébé, est fait de bribes qui se traduisent en des séquences au graphisme épuré. Puis ceux de ses frères, racontés par âges croissants, s'enrichissent de détails, dans les mots mais aussi dans le graphisme. Les couleurs s'affirment. Les matières se diversifient. L'histoire de la famille se reconstitue, elle nous parvient. Et il nous semble que nous la connaissons un peu, cette famille : on s'émeut de voir leurs visages. Même dessinés, ils sont vrais.

Jérémie Jorrand
Responsable de l'éditorialisation et co-directeur artistique de Tënk