Lorsque Joshua Oppenheimer se rend en Indonésie pour réaliser un documentaire sur le massacre de plus d’un million d’opposants politiques en 1965, il n’imagine pas que, 45 ans après les faits, les survivants terrorisés hésiteraient à s’exprimer. Les bourreaux, eux, protégés par un pouvoir corrompu, s’épanchent librement et proposent même de rejouer les scènes d’exactions qu’ils ont commises. Joshua Oppenheimer s’empare de cette proposition dans un exercice de cinéma vérité inédit où les bourreaux revivent fièrement leurs crimes devant la caméra, en célébrant avec entrain leur rôle dans cette tuerie de masse. "Comme si Hitler et ses complices avaient survécu, puis se seraient réunis pour reconstituer leurs scènes favorites de l’Holocauste devant une caméra", affirme le journaliste Brian D. Johnson. Une plongée vertigineuse dans les abysses de l’inhumanité, une réflexion saisissante sur l’acte de tuer.
Acteur | Éva Tourrent |
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On est d’abord saisi d’incrédulité devant la désinvolture avec laquelle Anwar Congo, grand-père élégant, mime devant la caméra comment il tuait à la chaîne sans tâcher son costume. Mais peu à peu, c’est l’horreur d’une impunité générale qui se révèle. Cet homme de main n’était pas seul et les meurtres de masses commis sont encore soutenus par le pouvoir en place. Le parti pris de laisser libre court aux délires sadiques et kitsch de mises en scène des bourreaux, révèle petit à petit un système de terreur, jusqu’à interroger la puissance de la fiction : la reconstitution peut-elle se retourner contre ceux qui pensent la maîtriser ?
Prix du public au festival de Berlin en 2013, "The Act of Killing" reste un film profondément dérangeant.
Éva Tourrent
Réalisatrice, responsable artistique de Tënk
On est d’abord saisi d’incrédulité devant la désinvolture avec laquelle Anwar Congo, grand-père élégant, mime devant la caméra comment il tuait à la chaîne sans tâcher son costume. Mais peu à peu, c’est l’horreur d’une impunité générale qui se révèle. Cet homme de main n’était pas seul et les meurtres de masses commis sont encore soutenus par le pouvoir en place. Le parti pris de laisser libre court aux délires sadiques et kitsch de mises en scène des bourreaux, révèle petit à petit un système de terreur, jusqu’à interroger la puissance de la fiction : la reconstitution peut-elle se retourner contre ceux qui pensent la maîtriser ?
Prix du public au festival de Berlin en 2013, "The Act of Killing" reste un film profondément dérangeant.
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